Il ne suffit pas de citer un philosophe, d’avoir le jargon conceptuel de la philosophie, ou de se dire «philosophie» pour que cela soit effectivement le cas. Les apparences sont souvent trompeuses, même si parfois elles sont très attirantes. De nombreuses pseudo-philosophies et philosophismes se sont constitués à travers l’histoire, qui viennent obscurcir l’idée de philosophie, voire qui en détournent sous couvert de parler de philosophie. Nous essayerons dans cette conférence de repréciser les différences entre la philosophie, la philosophistique, les philosophismes et pseudo-philosophies.

Les êtres humains pensent. Constamment et à peu près sur tout, mais le plus souvent de manière spontanée, intuitive et sans réflexion sur leurs propres pensées. De là découlent les confusions entre ce qui est pensé avec l'objet de la pensée, l'oubli que l'idée d'une chose ne fait pas réalité pour autant de cette chose. La pensée philosophique demande donc, lors de tout débat, de toute discussion, de toute réflexion sur une affirmation, de s'interroger de manière préalable pour discerner s'il s'agit d'un fait, d'une théorie ou d'une opinion. Avant de douter d'une affirmation ou de la faire sienne, il faut évaluer son statut.

A l’origine de la philosophie, il n’y avait pas de distinction entre la démarche philosophique et la démarche scientifique. Mais depuis longtemps, la philosophie et la science se sont autonomisées. A tel point qu’elles paraissent parfois opposées, notamment dans les philosophies métaphysiciennes et idéalistes. Quelles sont donc les relations entre Science et Philosophie ? Quelles sont leurs différences ? Sont-elles vraiment incompatibles ou bien ne peuvent-elles pas être complémentaires ? Une “philosophie” qui, aujourd’hui, se détournerait des progrès de la connaissance scientifique, peut-elle encore être qualifiée de “philosophie” ? Cette conférence abordera les principales relations entre Science et Philosophie et proposera de renouer l’alliance philosophique entre Science et Philosophie.

La philosophie de Platon est obsolète, la philosophie d’Aristote est dépassée, tout comme celle de Descartes et ou celle de Marx. Et la philosophie de notre temps connaîtra certainement le même sort un jour ou l’autre. Toute philosophie est-elle condamnée à devenir obsolète ou bien y a-t-il une philosophie qui puisse résister à la marche des temps ? Existe-t-il une philosophie “éternelle”, une “philosophia perennis” permanente à travers le temps et la diversité des sociétés dont parlent certains philosophes? Si c’est le cas, d’où provient-elle et que désigne-t-elle ? Est-elle une tradition primordiale ? Une gnose secrète, une Prisca theologia, ou une humana sapientia, une sagesse humaine ?

Depuis son invention dans la Grèce antique, la philosophie a toujours entretenu des relations étroites avec la pensée rationnelle. Cela est-il le fruit de circonstances occasionnelles ou bien cela révèle-t-il d’une relation profonde entre la philosophie et la raison ? Quelles sont les relations entre la philosophie et la pensée rationnelle ? Une philosophie peut-elle être irrationnelle ? Pourquoi la plupart des réflexions sur la raison sont issues des travaux des philosophes, de l’Organon d’Aristote au Discours de la méthode de Descartes. Cette conférence mettra en évidence une des particularités de la philosophie, à savoir sa rationalité structurelle, et essayera d’explorer les différentes modalités de la rationalité en philosophie.

Une des raisons de la marginalisation actuelle de la philosophie est d’avoir oublié, voire rejeté, l’humanisme. Quelles relations entre la philosophie et l’Humanisme ? Peut-il y avoir une véritable philosophie qui ne soit pas aussi humaniste ? Une philosophie humaniste est-elle nécessairement anthropocentrique et peut-elle éviter de tomber dans de « l’homminisme » ? Plaidoyer pour le retour à une philosophie de l’être humain, par les êtres humains et au service de l’être humain.

La philosophie est habituellement perçue comme une activité spéculative, éloignée du monde réel et des problèmes concrets des êtres humains. Pourtant, à l’inverse, bien des philosophes considèrent que la philosophie doit aussi s’occuper du monde et être progressiste sur le plan social et politique. Dans Ecce Homo, Nietzsche définissait même le philosophe comme “un terrifiant explosif”.  Quelles sont les relations entre philosophie et progrès ? De quel progrès parle-t-on ? La philosophie est-elle seulement à l’origine de l’idée de progrès, comme bien d’autres notions, ou bien le progrès participe-t-il des finalités de la philosophie ? La philosophie est-elle synonyme de progrès ? Toute philosophie est-elle obligatoirement progressiste ? … Autant de questions qui demandent d’être précisées pour comprendre la philosophie, surtout pour les philosophies progressistes, qui se réclament du progrès humain.

Quelle est la place de la connaissance dans la philosophie ? La démarche philosophique est-elle aussi une quête de connaissance, de vérité ? Peut-il exister une connaissance philosophique particulière ? La philosophique est-elle une voie de connaissance ? Cette connaissance philosophique peut-elle être distincte des autres domaines du savoir humain ? À travers ces questions, cette conférence s’efforcera de présenter une philosophie de la connaissance en philosophie, qui puisse aussi fonder une philosophie de la connaissance philosophique.

La philosophie, comme bien des activités humaines, est traversée de représentations erronées et d'images d'Épinal. L'histoire de la philosophie est ainsi confondue avec la philosophie, ce qui amène à penser que les idées et doctrines philosophiques anciennes sont toujours recevables, comme si la philosophie n'était pas concernée par le progrès des connaissances et des contextes socio-culturels. Comme si notamment les philosophies antiques auraient été un sommet, et non un départ de la philosophie. Bien des enseignements des philosophes du passé se sont révélés faux et obsolètes. La philosophie ne peut se reposer sur son passé, elle est un présent en acte. Cette conférence présentera le principe de l'obsolescence en philosophie.

Osons lever un des silences sur la philosophie : la philosophie évolue ! Bien des enseignements des philosophes du passé sont ... dépassés ! Mais certains philosophes continuent à y faire appel sans se rendre compte qu'une bonne partie de leurs enseignements sont devenus obsolètes, quand ils ne sont pas tout simplement faux. Mais la philosophie ne fait pas qu'évoluer, elle progresse ! Quelles sont les raisons de cette évolution ? Pourquoi certains la refusent ou l'ignorent ?

Tout le monde peut-il faire de la philosophie ? La philosophie est-elle réservée à une élite de personnes formées après de longues études, ou bien tout le monde peut-il philosopher ? L'idée de populariser la philosophie, idée noble et généreuse au départ, n'aboutirait-elle pas en réalité à faire de la philosophie une sorte de philosophie facile, de comptoir ou de salon ?