L’Homo sapiens n’aime pas le hasard, car par son existence même il vient limiter notre volonté de contrôle et de maîtrise de nos existences, voire il remet en cause les croyances déterministes et finalistes que nous aimons tant, car plus rassurantes et plus valorisantes. Pourtant, l’espèce humaine est le résultat du hasard et d’une infinité de hasards dans l’évolution biologique. Mais le hasard de l’Homme le touche aussi de manière plus intime, plus personnelle, plus tabou : chacun d’entre nous est le résultat de multiples hasards, celui d’une rencontre entre nos parents, celui d’un spermatozoïde et d’un ovule, celui d’une décision de le garder ou pas… A chacun de ces hasards, nous aurions pu ne pas être. Cela nous oblige à reconnaître le hasard de notre propre existence, donc à dire … je suis le fruit du hasard.

Dans sa manière de penser le monde, l’être humain est régulièrement amené à penser certaines choses comme des mystères, notamment celles qu’il ne comprend pas. Cette notion de mystère est même centrale dans les interprétations du monde métaphysiques et surnaturalistes, notamment dans les religions. Cette manière de croire qu’il y a des mystères, ou mystérialisme, pose une interprétation illusoire et déformante du monde, anthropocentrique et subjectivisée. Ce que nous ne connaissons pas, ce que nous ignorons n’est pas mystérieux mais inconnu. Dans le monde, il n’y a pas de mystères, seulement des choses qui nous sont inconnues. Cette conférence analysera les problèmes posés par le mystérialisme.

La vie de l’Être Humain est partagée entre son œuvre extérieure et son œuvre intérieure. Le plus souvent, en raison de la pression sociale et d'une méconnaissance de soi, c’est l’oeuvre extérieure qui prédomine, au détriment de l’oeuvre intérieure, de l'équilibre et de l'épanouissement humain. Que désignent précisément les notions d’oeuvre intérieure et d’oeuvre extérieure ? Quels rôles jouent-elles par rapport au sens de la vie et à la réalisation de soi ?

La question n’est pas de savoir si nous serons un jour confrontés à la solitude, mais quand. Du fait de notre nature humaine et des spécificités de notre existence, nous serons tous confrontés à la solitude, à plusieurs formes de solitude en fait. La question essentielle est ensuite de savoir de quelle manière nous y ferons face ? Car toutes les réponses ne sont pas forcément les plus adaptées, certaines aggravent même les problèmes générés par la solitude. La philosophie peut nous aider à comprendre les raisons de cette problématique et à trouver des réponses positives pour la dépasser.

Dans son existence, l’être humain est d’abord accaparé par l’extériorité, par l’extimité, les relations sociales, les contraintes extérieures, les obligations familiales, économiques, matérielles… Face à cela, la philosophie propose une dynamique différente, non plus centrifuge et extériorisante mais intériorisante et recentrante, celle de la vie intérieure. En quoi consiste cette vie intérieure ? Quels en sont les principes ? Qu’apporte-t-elle à notre existence ? Peut-on la cultiver ? Quelles relations avec la démarche philosophique ?

Une des particularités de notre espèce est sa capacité de suicide. Dans le vivant, ce type de comportement est rarissime, alors que dans l’humanité, il est d’une banalité tragique. Quelles sont les raisons de cela ? Quelles sont les spécificités de notre espèce qui permettent le suicide, puisqu’il est de nature anthropologique avant d’être psychologique ? Ce mot commun ne recouvre-t-il pas des réalités différentes ? Nous essayerons de mieux comprendre la capacité de suicide de l’humanité, étape nécessaire pour y faire face, pour aider les personnes en détresse ou bien pour accepter leur décision.

Dans les questions relevant de l’éthique et de la morale, dans l’histoire de la philosophie ou aujourd’hui, nous entendons régulièrement parler du Bien, du Beau, du Juste. Certaines philosophies, certaines morales, nous demandent même d’agir pour le Bien et non par intérêt. Or, au regard de notre compréhension actuelle de la réalité, il nous faut faire notre deuil de ces notions, certes porteuses, mais illusoires : ni le Bien, ni le Beau, ni le Juste n’existent. Nous sommes en présence d’une véritable révolution “copernicienne” en matière d’axiologie, à une inversion radicale des valeurs, qui oblige à refonder totalement la morale, l’éthique, autant que tous les idéaux philosophiques sans plus s’appuyer sur de telles notions.

L’altruisme et ses déclinaisons forment aujourd’hui une valeur importante de notre société, parfois même une forme de bien-pensance. L’altruisme est pensé classiquement en opposition avec l’égoïsme et l’individualisme, mais l’altruisme n’est-il pas une illusion ? Au-delà du discours de principe, peut-il même exister des actions altruistes ? L’homme peut-il dépasser son intérêt personnel ? Quels éclairages les sciences humaines contemporaines peuvent-elles apporter à ces questions ?

Être un homme, c'est précisément être responsable, disait Saint-Exupéry. Que nous le voulions ou que nous le fuyons, la responsabilité de l’Homme est inhérente à son existence et irréductible. Dans un monde où règne le hasard, l’absurdité, sans finalité, sans ordre moral, sans «devoir être», sans Dieu, l’Homme est seul responsable de lui-même. La seule question qui se pose n’est pas celle de sa responsabilité, mais celle de l’assumer ou de tenter de la fuir.

L’origine naturelle et si humaine du bien et du mal dans la condition humaine permet de réfuter aussi bien la notion de péché judéo-chrétien que l’idée d’une fatalité du mal. Ni le mal ni le bien ne sont naturels. Quelles sont donc les racines qui poussent, dans le cadre des relations humaines, avec le monde ou à l’encontre de soi, vers ce que nous qualifions habituellement de “mal” ?

Dans les relations humaines, on parle communément de la force de la haine et de sa puissance de destruction. Mais c’est oublier que l’amour est une force tout aussi puissante selon l'expression de Marek Halter. La solidarité, la collaboration ou la fraternité sont plus puissantes que l’égoïsme et l’indifférence, mais sur un autre registre que la violence et la haine. Cette force de la bienveillance et de la solidarité, discrète et silencieuse, souvent non médiatisée, agit au cœur des relations humaines et sociales.

La condition humaine nous oblige à faire une double expérience : celle du réel et de l’idéel, la sphère des idées. Au nom du réel, certains personnes rejettent l’idéalisme. D’autres, au contraire, rejettent le réalisme au nom de l'idéalisme. Quel est le sens précis de ces deux notions, qui concernent autant la philosophie, la science et la vie quotidienne ? Quelles sont leurs limites ? Faut-il choisir entre le réalisme ou l’idéalisme ? Comment se positionner entre ces deux pôles et éviter leurs pièges respectifs ? Le philosophe peut-il dépasser le dualisme entre réalisme et idéalisme ?