L’Homo sapiens n’aime pas le hasard, car par son existence même il vient limiter notre volonté de contrôle et de maîtrise de nos existences, voire il remet en cause les croyances déterministes et finalistes que nous aimons tant, car plus rassurantes et plus valorisantes. Pourtant, l’espèce humaine est le résultat du hasard et d’une infinité de hasards dans l’évolution biologique. Mais le hasard de l’Homme le touche aussi de manière plus intime, plus personnelle, plus tabou : chacun d’entre nous est le résultat de multiples hasards, celui d’une rencontre entre nos parents, celui d’un spermatozoïde et d’un ovule, celui d’une décision de le garder ou pas… A chacun de ces hasards, nous aurions pu ne pas être. Cela nous oblige à reconnaître le hasard de notre propre existence, donc à dire … je suis le fruit du hasard.

Dans sa manière de penser le monde, l’être humain est régulièrement amené à penser certaines choses comme des mystères, notamment celles qu’il ne comprend pas. Cette notion de mystère est même centrale dans les interprétations du monde métaphysiques et surnaturalistes, notamment dans les religions. Cette manière de croire qu’il y a des mystères, ou mystérialisme, pose une interprétation illusoire et déformante du monde, anthropocentrique et subjectivisée. Ce que nous ne connaissons pas, ce que nous ignorons n’est pas mystérieux mais inconnu. Dans le monde, il n’y a pas de mystères, seulement des choses qui nous sont inconnues. Cette conférence analysera les problèmes posés par le mystérialisme.